Joindre un écovillage en famille : toute qu'une aventure !

S’installer dans un écovillage, c’est un choix de vie qui fait rêver. Et c’est aussi un bon défi, on ne va pas se le cacher. Faire ce saut-là seul, c’est déjà une démarche exigeante. Mais lorsqu’on est plusieurs à plonger — lorsqu’on vient avec sa famille, ses enfants, ses habitudes, ses rythmes et ses besoins différents — ça devient une aventure encore plus grande, plus riche, et parfois plus complexe.

Au fil des années, ici, à la Cité Écologique, nous avons eu la chance de rencontrer de nombreuses familles en quête de sens, de nature, de collectif. Certaines sont venues avec enthousiasme. Beaucoup ont fait un bout de chemin avec nous, parfois quelques mois, parfois une année. D’autres sont reparties plus tôt, avec le sourire, emportant dans leurs bagages des souvenirs précieux, des apprentissages, et souvent de belles amitiés.

Très peu de ces familles, il faut le dire, ont complété leur année d’intégration. Et pourtant, la majorité d’entre elles sont restées proches de nous, revenant régulièrement pour des visites, des retrouvailles, des coups de main ou des fêtes communautaires. Elles ont aimé leur passage ici. Mais elles ont aussi constaté, à leur rythme, que la vie en écovillage, surtout avec des enfants, demande beaucoup plus qu’une bonne intention ou un besoin de changement.

Un mode de vie à part

Quand on imagine la vie en communauté, on pense souvent à une forme de douceur : des enfants qui jouent pieds nus dans les prés, des repas partagés au soleil, des voisins qui deviennent des amis, des projets communs, des soirées autour du feu. Et tout cela existe. C’est bien réel. Mais ce n’est pas toute l’histoire.

Un écovillage, c’est aussi un lieu où l’on travaille beaucoup, physiquement et humainement. On cultive la terre, oui, mais on cultive surtout les relations. Et ça, c’est un travail de chaque jour : apprendre à se dire les choses, à écouter, à faire de la place à l’autre, à se remettre en question. C’est souvent difficile à intégrer… et transformateur.

Quand on arrive seul dans un écovillage, ce processus d’adaptation peut déjà être intense. Mais en famille, ça demande un vrai engagement collectif. Car tout le monde entre en relation avec tout le monde. Les enfants, les parents, les pédagogues, les voisins. Et tout ce petit monde doit apprendre à cohabiter, à coopérer, à s’accueillir mutuellement.

Ce que cela implique pour les familles

Intégrer un écovillage en famille, c’est accepter que chacun — adulte comme enfant — vive son propre processus d’intégration. Et que ces processus ne soient pas toujours synchronisés. Un enfant peut s’adapter très vite, adorer sa nouvelle école, se faire des amis dès les premiers jours. Pendant ce temps, un parent peut vivre un moment de doute, se sentir déraciné, dépassé, ou au contraire, prêt à foncer alors que l’autre parent hésite encore.

C’est normal. C’est humain. Et ça fait partie du chemin.

L’un des grands défis pour les familles, c’est qu’elles disposent souvent de moins de flexibilité qu’une personne seule. Avant même de penser à emménager, il faut venir à plusieurs reprises, tester l’environnement, comprendre les dynamiques. Et tout cela prend du temps : plusieurs visites, parfois sur plusieurs saisons, avant de pouvoir poser ses valises plus durablement.

Il faut aussi s’impliquer activement dans le processus d’intégration des enfants : participer aux rencontres avec l’équipe pédagogique, s’informer sur le fonctionnement des groupes d’enfants, les rythmes collectifs, les règles de vie. Ce n’est pas une garderie ou une école comme les autres : c’est un projet éducatif vivant, communautaire, qui implique une communication constante entre les familles, les pédagogues et les habitants de l’écovillage. Les enfants font partie intégrante de la collectivité. Et les parents, tout autant.

Par exemple, ici, les enfants ne restent pas à la maison pendant les heures de travail. Ils évoluent dans des groupes d’âge avec des activités adaptées, souvent en nature, encadrés par des pédagogues. C’est une vraie vie collective qui commence dès le plus jeune âge. Et si certains parents espèrent garder leurs petits près d’eux, dans une bulle familiale jusqu’à l’école… cela ne correspond pas à notre mode de vie.

Ce que cela implique pour la communauté

Accueillir une famille, pour nous aussi, c’est un engagement. Cela demande une vraie préparation. Il faut trouver un logement adapté, réfléchir à l’intégration des enfants dans les groupes existants, selon leur âge et leur parcours. Il faut accompagner chaque parent dans son adaptation personnelle, répondre à leurs questions, leurs doutes, parfois leurs peurs.

C’est une co-construction. On ne cherche pas des gens parfaits, ni des familles modèles. Mais on cherche des personnes prêtes à entrer dans une relation sincère avec nous, à dire où elles en sont, à écouter, à essayer, à se remettre en question sans se juger.

Ce qui fait qu’une intégration fonctionne, ce n’est pas l’absence de difficultés. C’est le désir profond d’aller au-delà, ensemble.

Ce qu’on y gagne

Mais alors… pourquoi s’obstiner ? Pourquoi continuer à vouloir intégrer des familles, alors que l’on sait que ce sera complexe, long, parfois remuant ?

Parce qu’on sait aussi ce que ça peut offrir.

Quand une famille s’intègre avec conscience, avec patience, avec cœur… elle apporte une richesse immense à la communauté. Une couleur, une énergie, des élans, des savoir-faire, une présence. Et pour les enfants, grandir dans un tel environnement, entourés d’adultes bienveillants, engagés, cohérents entre leurs paroles et leurs actions… c’est une chance unique.

Les enfants qui grandissent ici savent d’où viennent les légumes dans leur assiette. Ils connaissent les gens qui font tourner les entreprises de l’écovillage. Ils vivent dans un environnement sécurisant, où ils peuvent développer leur curiosité, leur autonomie, leur capacité à coopérer.

Et les parents, s’ils acceptent de traverser les premières turbulences, découvrent souvent une vie plus cohérente, plus alignée. Une vie dans laquelle leurs talents peuvent s’exprimer, où leur travail a du sens, où ils ne sont plus seuls à tout porter.

La vie en écovillage, ce n’est pas une fuite du monde. Ce n’est pas un cocon qui protège de tout. C’est un endroit pour apprendre à vivre autrement. Et ça demande du courage. De l’humilité. De la constance. De l’engagement. Et aussi de l’humour ! Parce qu’il faut bien rire de soi, de temps en temps, pour ne pas trop se prendre au sérieux.

Est-ce pour vous ?

Alors… est-ce que c’est fait pour vous ? Peut-être. Peut-être pas. Et ce n’est pas grave.

Si vous rêvez d’un lieu tranquille, isolé, où vous pourriez faire votre pain au levain en toute quiétude, éduquer vos enfants à votre rythme et vivre votre vie sans être trop sollicité… alors, honnêtement, un joli chalet dans les bois vous conviendra sans doute mieux.

Mais si vous cherchez une aventure humaine, un lieu de croissance personnelle, de construction collective, de remises en question, de vraies relations, d’entraide, de projets communs, d’apprentissage quotidien… alors peut-être que nos chemins sont faits pour se croiser.

Il ne s’agit pas d’être prêt à tout, d’avoir tout réglé d’avance. Il s’agit d’avoir envie. Envie de découvrir. De s’impliquer. De faire équipe. De grandir, ensemble.

Chez nous, on croit profondément que la vie en communauté est un chemin d’évolution, autant personnel que collectif. Et que les familles ont toute leur place dans ce chemin, quand elles sont prêtes à le prendre pour ce qu’il est : une expérience transformatrice, exigeante, mais profondément nourrissante.

En conclusion

Oui, intégrer un écovillage avec sa famille, c’est un défi. Et aussi une formidable opportunité.

C’est un choix de vie qui remet du lien, du sens et de la conscience au cœur de nos quotidiens. C’est une manière de dire : « Je choisis d’être acteur de mon monde, et pas seulement spectateur. » Et quand cette décision est prise en famille, elle devient encore plus puissante.

Alors si, en lisant ces lignes, vous sentez une petite étincelle, une curiosité, une envie de venir voir de plus près… écrivez-nous. Venez nous rencontrer. Venez sentir, écouter, observer, poser vos questions. Venez vivre une journée, ou deux. Venez voir si ce mode de vie vous appelle vraiment.

Et si c’est le cas, on sera ravis de faire un bout de chemin avec vous.